Deux conférences autour de l’information et de la désinformation

A l’initiative du CDI et de L. Mouket, enseignante en Histoire-Géographie et EMC -Enseignement Moral et Civique- dans le cadre de la Semaine de la Presse et des Médias dans l'Ecole, les élèves de Première G5-G6-G7-G9 ont assisté dans le courant du mois de mars 2025, à deux conférences-débats au lycée avec des journalistes de renom autour des thèmes de l'information et de la désinformation. 

La première rencontre, avec Félix Suffert-Lopez, journaliste et producteur des émissions “C Pol”, “C ce soir”, "C Médiatique", "En société" et de la série documentaire "La Fabrique du mensonge" diffusées sur France 5, a eu lieu Mercredi 12 mars 2025. 

Félix Suffert-Lopez a tout d'abord rappelé que le travail des journalistes était d'informer les citoyens le plus sincèrement possible mais qu'ils sont parfois aujourd'hui l'objet de menaces graves, y compris en France, du fait des sujets qu'ils traitent. Il a ensuite expliqué la difficulté, à l'heure actuelle, dans nos sociétés à faire entendre les faits, à réussir à différencier dans certains médias, les faits et les opinions - le fait apportant une information avérée -qui ne génère pas forcément de l'émotion-; ce qui n'est pas le cas d'une opinion.

A partir de multiples exemples et notamment en s'appuyant sur le concept de la fenêtre d'Overton, il a démontré que nous assistons depuis quelques années, à la diffusion de fausses informations, d'approximations ou encore d'idées jusque-là jugées intolérables, avec pour conséquences un décalage de notre perception des faits et une polarisation de la société, nuisible au débat démocratique.

Ensuite, Félix Suffert-Lopez a longuement expliqué aux élèves le fonctionnement des algorithmes des réseaux sociaux préférés des élèves : des contenus générant des émotions et un algorithme de recommandation qui aboutit, à force de contenus de plus en plus captivants à l'effet "rabbit hole" - terrier du lapin-, l'entraînement des usagers malgré eux vers des sites contenant des informations biaisées, des faits altérés ou des points de vue extrêmes et/ou radicaux.

Le journaliste a encore rappelé l'importance de la vérification des sources, celles-ci ne connaissant aucune hiérarchie en particulier sur les réseaux sociaux, les sources les plus sérieuses côtoyant les plus malhonnêtes.

Enfin, à l'aide d'exemples dans l'actualité récente, Félix Suffert-Lopez a expliqué le danger de la rumeur. Il a expliqué le circuit de la diffusion d'une rumeur et invité chacun à prendre conscience de sa responsabilité dans le partage de contenus - fausses informations, mensonges...-  sur les réseaux sociaux.

La seconde rencontre, avec Benjamin Dard, journaliste, rédacteur en chef à France Info et ancien grand reporter à "C dans l'air" et TF1 -Pôle fact-checking- spécialisé dans la déconstruction des infox et des théories complotistes, a eu lieu Mercredi 26 mars 2025. Cette rencontre était financée grâce à la part collective du Pass Culture. 

Lors de cet échange, Benjamin Dard a tout d'abord rappelé le travail des journalistes et expliqué comment se fabrique l'information au sein d'une rédaction d'un journal ou journal télévisé. Les élèves ont été invités à créer leur propre hiérarchie de l'information à partir des sujets qu'ils jugeaient importants en ce 26 mars 2025, des sujets, des points de vue souvent différents correspondant à leurs centres d'intérêts et à leurs convictions, amenant le journaliste à comparer ces échanges à ceux qui traversent une conférence de rédaction. En citant plusieurs sujets d'actualité, il a rappelé que la hiérarchie de l'information donne la priorité aux sujets qui s'imposent par leur impact dans la vie des lecteurs/téléspectateurs/auditeurs et aux sujets dont les journalistes ont envie de parler, concluant sur l'idée que "le journaliste doit être l'interprète de la curiosité publique".

Dans un second temps, Benjamin Dard a présenté aux élèves la différence entre la mésinformation -erreur sans volonté de tromper- et la désinformation -volonté de tromper dans le but de manipuler-  à l'ère des réseaux sociaux. Le journaliste a rappelé que nous vivons une période de l'humanité inédite du point de vue de l'information, un contexte d'"infobésité" dans lequel les réseaux sociaux, souvent la première source d'information des adolescents, sèment le chaos. Les réseaux sociaux donnent en effet, l'illusion d'accéder à des informations personnalisées alors que du fait de la décontextualisation de ces informations, ils participent en réalité à un brouillage de la qualité de l'information, sans aucune distinction des contenus et des sources.

Benjamin Dard a encore insisté sur l'objectif purement mercantile des réseaux sociaux en misant sur l'attention que chacun va prêter aux contenus. Il a, lui aussi expliqué comment l'activité sur les réseaux sociaux et les contenus que l'utilisateur like et/ou partage vont alimenter les contenus qui lui seront ensuite proposés. En s'appuyant sur de multiples exemples de contenus générant des émotions -joie, anxiété, colère...-, et compte tenu du temps passé sur les réseaux sociaux, il a invité chacun à s'astreindre à "une petite gymnastique mentale" consistant à "toujours s'interroger sur la raison pour laquelle, je reçois ces contenus". Il a aussi rappelé que tous les contenus consultés, likés, partagés livrent aux réseaux sociaux "une cartographie absolue de qui nous sommes", avec les risques induits par l'ensemble de ces indications fournies.

Ces conférences-échanges ont été l'occasion de prendre conscience de la valeur du travail des journalistes, de la qualité de l'information selon les sources mais aussi parallèlement de l’ampleur et des conséquences de la désinformation dans le monde actuel. Les élèves ont désormais aussi conscience des enjeux qui se cachent derrière la manipulation de l’information via les réseaux sociaux. 

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