Une conférence sur les fake news et les réseaux sociaux

Mardi 25 avril, nous avons accueilli au lycée Félix Suffert-Lopez, journaliste et producteur à « Together Media », notamment de la série documentaire « La fabrique du mensonge » et des émissions « C ce soir » et « C politique » diffusées sur France 5. Il est venu donner une conférence aux élèves de 1^ère G1 sur le thème de la désinformation et notamment sur le rôle des réseaux sociaux dans la propagation des fake news.

Il a d’abord rappelé aux élèves que contrairement aux idées reçues, les jeunes ne sont pas plus sujets à la désinformation que d’autres et que le succès d’une fake news tient surtout au fait qu’elle viendra « se loger dans l’angle mort de notre pensée, de notre réflexion », qu’elle viendra conforter une opinion que l’on avait déjà sur un sujet, basé au départ sur un fait avéré.

Félix Suffert-Lopez a ensuite analysé le monde dans lequel on évolue aujourd’hui du point de vue de l’information : des façons très différentes de s’informer selon les individus, une circulation de l’information à un rythme effréné, une multitude de sources d’information, une stratégie commerciale des réseaux sociaux -recueillir des données, revente de ces données à des annonceurs- avec des profils d’utilisateurs différents selon les âges, la notion de contenu -texte, image, vidéo…-, contenus qui deviennent viraux sur les réseaux sociaux avec des conséquences sur la qualité du débat public.

Après avoir fait un tour de présentation des différents réseaux sociaux, il a échangé avec les élèves sur le fonctionnement des réseaux sociaux : liker, partager, commenter un contenu et leurs finalités : conduire les utilisateurs à rester le plus longtemps connectés sur le réseau (« économie de l’attention »), à créer des contenus « populaires » qui génèrent de « l’engagement » et au-delà des profits pour ces plateformes.

Félix Suffert-Lopez a ainsi expliqué comment depuis plusieurs années, avec cette logique de fonctionnement, on assiste à la contestation accrue de faits -pourtant non discutables- et à la confusion des faits et des opinions, nuisant ainsi au débat public.

En effet, l’objectif premier des réseaux sociaux n’est plus l’échange d’idées au sein d’une communauté mais l’affirmation de ses opinions – sans qu’on soit forcément légitime à s’exprimer sur un sujet- en générant beaucoup de « bruit », en retweetant, en partageant… pour imposer des idées parfois fausses qui ont pour seul effet de diviser, polariser la société voire nuire à la démocratie.

Les élèves n’ont pas eu de difficulté à énumérer les contenus qui « marchent », qui deviennent viraux, qui génèrent cet « engagement » attendu : contenus drôles, attendrissants, incroyables mais aussi choquants, surprenants, violents, gênants ou haineux.

En s’appuyant sur de multiples exemples de rumeurs ou fake news parfois bien connues des élèves, Félix Suffert-Lopez a alors démonté le mécanisme de ces fausses informations : au départ un fait réel, récupéré, déformé, partagé de façon virale, non vérifié, répété, avec parfois des conséquences dramatiques.

Félix Suffert-Lopez a alors longuement insisté sur l’importance de la source de l’information – savoir qui parle et si cette personne est légitime à s’exprimer sur ce sujet- et échangé avec les élèves sur les sources d’information jugées fiables.

Il a enfin rappelé la responsabilité de chacun quand on partage un contenu, favorisant la répétition de la fausse information, prenant l’exemple de l’emballement sur les réseaux sociaux ayant conduit à l’assassinat de Samuel Paty.

Cette intervention est venue pleinement compléter le cours dispensé en pluridisciplinarité Anglais-EMI avec leur enseignante Mme Torres et le CDI autour de la désinformation et les théories du complot.