Une rencontre avec l’auteur Vincent Villeminot

A l'initiative de Mmes Vernotte et Krantz, enseignantes de Français et d'HLP - Histoire, Littérature, Philosophie,  nous avons reçu au lycée Vincent Villeminot, auteur de littérature jeunesse, Vendredi 31 mai 2024 pour une rencontre-échange avec cinquante élèves de Première ayant choisi l'enseignement de spécialité HLP.

Auteur à succès d'une trentaine de romans ados ou jeunes adultes -disponibles au CDI-, de la trilogie fantastique "Instinct", ou de la série post-apocalyptique "U4", Vincent Villeminot est venu échanger avec les élèves autour des œuvres "Les pluies", "Comme des sauvages", "Nous sommes l'étincelle" ou encore "L'île".

Ces romans d'anticipation ont été proposés à la lecture dans le cadre du cours d'HLP afin d'amener les élèves à s'interroger sur l'écriture de l'anticipation aujourd'hui et sur ses enjeux, en lien avec le thème au programme du deuxième semestre côté littérature, notamment "Décrire, figurer et imaginer".

Cette rencontre a donc été l'occasion pour les élèves de rencontrer et d'échanger autour de cette thématique de l'écriture de ce genre particulier qu'est l'anticipation, le métier d'auteur jeunesse en général et le parcours personnel de Vincent Villeminot.

Nous remercions chaleureusement Vincent Villeminot d'être venu à notre rencontre, de nous avoir offert cet échange d'une très grande qualité qui a captivé les élèves et stimulé leurs réflexions personnelles sur l'écriture et la littérature.

 


Voici quelques-unes des réponses ou réflexions de l’auteur aux questions des élèves lors de cet entretien :

Se considère-t-il comme un auteur jeunesse ?

Oui, Vincent Villeminot se qualifie lui-même comme « auteur jeunesse » s’adressant d’abord aux lecteurs de 15-16 ans. Il dit participer de cette littérature très différente de la littérature générale (« aimer le format broché ») et trouver du sens à ce qu’il fait, ses premiers lecteurs ayant été ses enfants et les copains de ses enfants.

Il apprécie de rencontrer les jeunes lecteurs et partager leurs avis sur ses romans. Il affirme ne pas du tout écrire dans une perspective thérapeutique. Il considère ses histoires, ses romans comme de micro-laboratoires, « des expériences du réel mais qui pourraient servir ».

Des fins heureuses ou tristes pour ses romans ?

Il avoue « préférer les fins tristes où tout le monde meurt » – exemple de la série U4 arguant du fait qu’« un auteur a toujours cette tentation de supprimer ses personnages pour qu’ils lui appartiennent ». Néanmoins, il reconnaît suivre les conseils de ses éditeurs qui l’incitent à « ne pas trop assombrir le tableau, à ménager une suite qui laisse de l’espoir ».

Pourquoi avoir fait le choix d’écrire des romans d’anticipation ?

Vincent Villeminot dit avoir fait ce choix de l’anticipation pour se mettre sur un pied d’égalité avec ses lecteurs : on connaît le passé mais nul ne peut dire ce qui se passera à l’avenir ni même dans trois ans, le Covid étant un bon exemple d’un évènement que personne n’avait pu prédire.

Comment trouve-t-il l’inspiration ? Et qu’est-ce que l’inspiration ? Dans l’écriture ou le choix de ses personnages ?

La définition que donne Vincent Villeminot de l’inspiration est « se mettre au travail tous les matins ». C’est en écrivant que Vincent Villeminot dit découvrir ce que le livre va être.

Quand il crée les personnages d’un roman, il affirme ne pas savoir à l’avance qui ils vont être, ce qu’ils vont devenir. Ce n’est qu’au fil des scènes, par le truchement de l’écriture que ses personnages vont prendre vie, prendre de la consistance et cela peut prendre des mois de travail. Il lui faut « rentrer en amitié » avec ses personnages pour les faire exister.

De sa propre expérience, il retient qu’il a commencé à écrire des histoires pour les enfants alors que ses enfants étaient petits. Puis, il s’est engagé dans l’écriture jeunesse et ses enfants, devenus adolescents sont devenus les premiers lecteurs de ses romans jeunesse.

Il considère aussi que ce qu’il a déjà écrit, nourrit ce qu’il écrit après.

Concernant le choix des prénoms de ses personnages, il explique là encore ne pas savoir dès le début comment ils s’appellent mais veiller à ce que leurs prénoms ne diront rien de ce qui va leur arriver. L’exemple du prénom mixte de Stéphane dans U4 ne dit par exemple pas si c’est une fille ou un garçon. Il rappelle que le choix d’un prénom n’est pas anodin, qu’il indique une génération, une origine géographique, une classe sociale et les rêves des parents, autant d’éléments dont il tient compte dans ses romans.

Les gens qu’ils croise, ses enfants ou les amis de ses enfants influencent au départ le choix de ses personnages mais il fait en sorte que ses personnages ne soient pas des personnes qui existent dans la vraie vie.

Quelles relations entretient-il avec sa maison d’édition ?

Vincent Villeminot considère que le rôle des éditeurs est primordial dans le travail d’écriture d’un auteur, que l’autoédition relève d’une très grande prétention de la part de ceux qui s’autoéditent et que tout auteur a besoin de l’avis de son éditeur pour corriger ses maladresses.

Il loue les relations constantes qu’il a avec ses éditeurs, leur travail, leurs services et leurs conseils toujours avisés qui le poussent parfois dans ses retranchements tant sur le fond que sur la forme. En réponse à la question d’un élève, il considère que les « remparts » mis en place par les éditeurs ne sont nullement une atteinte à la liberté de création des auteurs mais au contraire une aide précieuse ; les maisons d’édition ayant des responsabilités, la mission de faire du profit mais aussi de faire vivre leurs auteurs.

Pourquoi écrit-on ? Pourquoi publier des romans ?

Il dit mener personnellement une réflexion sur le sens de l’écriture dans un contexte de surabondance de livres, du manque de temps manifeste pour lire ce qui est déjà publié et de la désaffection générale pour la lecture.

Il retourne la question aux élèves et leur demande quel sens il y a selon eux à écrire des romans pour les adolescents alors que 90% de cette classe d’âge ne lit pas, les qualifiant de « 1ère génération post-livres ». Il pose la question de l’avenir du livre dans ce contexte : le livre va-t-il devenir un produit de niche, de luxe ? Et si oui, quels effets cela aurait-il sur les histoires ?

Pour sa part, il explique qu’écrire aujourd’hui l’aide à « regarder le monde » tel un photographe mais en formulant à voix haute ce qu’il voit, rappelant qu’on écrit toujours pour d’autres que soi, même quand il s’agit d’un « journal intime ».

Dans le contexte actuel où la narration majoritaire passe selon lui par les images -photographies, films, séries, jeux vidéo…- et qu’elle est imparfaite, il considère que son rôle de romancier jeunesse est de « compléter les trous » dans ce qui est raconté aujourd’hui, de ce qu’est le monde, d’écrire des histoires qui vont rejoindre les ados.

Quel rapport un auteur entretient-il avec la lecture ?

Vincent Villeminot lit trois à quatre romans par semaine.

Il considère qu’on ne peut pas être un auteur si on ne lit pas bien qu’on ne soit pas le même lecteur quand on est soi-même auteur depuis vingt ans.

Qu’est-ce qu’un bon livre selon lui ?

Un livre qui nous fait changer d’avis, qui nous fait faire des découvertes, des rencontres… ou qui influence des choix de vie, des décisions.

Vincent Villeminot a cité deux ouvrages qui ont joué ce rôle dans sa vie : « Dans la forêt » de Jean Hegland et « Le peuple d’en bas » de Jack London.

Quels sont ses auteurs préférés ?

Il lui est impossible de dire quel est son auteur préféré mais Steinbeck a beaucoup compté pour lui notamment son roman « En un combat douteux » qu’il a lu quand il était adolescent, « Crimes et châtiments » de Dostoïevski également.

Cette année, il a découvert deux romans dont il a particulièrement aimé le style de leurs auteurs : « La constellation du chien » « chef-d’œuvre absolu » de Peter Heller et « On était des loups » de Sandrine Collette.

Quelle a été son expérience d’auteur pendant le confinement lors de la pandémie de Covid en 2020 ?

Il considère avoir vécu un confinement singulier mais heureux, une période de travail très intense -il écrivait 18 à 20h par jour- grâce à une expérience inédite : l’écriture d’un chapitre d’un feuilleton par jour. Publié chaque soir à 18h sur son compte Facebook et partagé avec 5 à 11000 lecteurs au même moment, chaque nouveau chapitre donnait lieu à un quart d’heure de lecture partagée « un Zénith chaque soir » selon ses mots, qui lui permis de nouer des relations très fortes avec ses lecteurs.

Le métier de romancier est-il à la portée de tous ?

Vincent Villeminot estime que le métier d’auteur ne naît pas forcément d’une vocation ou d’un talent particulier, ne demande pas de prérequis – pas même la maîtrise de l’orthographe-. Il affirme qu’il est assez facile d’écrire, il encourage les élèves à le faire mais il considère que ce métier exige en revanche beaucoup de travail et de rigueur. La difficulté réside dans la qualité de l’écriture ; il faut que l’écriture surprenne, qu’elle apporte quelque chose.

 

copyright illustrations : Canva

 

 

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